Après vous avoir expliqué comment l’idée m’était venue pour les Voyageurs, me revoici pour vous conter la façon dont je suis passée de l’idée à l’histoire. C’est mon processus depuis de longues années pour mes écrits mais… il y a eu quelques changements dernièrement, dont je vous reparlerai quand le temps viendra. (Retrouvez la vidéo plus bas si vous n’avez pas envie de lire 😉 )

Les personnages et lieux posés, je créé des fiches de personnages qui seront plus ou moins détaillées s’il s’agit d’un personnage principal, secondaire, un figurant… Je créé aussi un fichier où j’inscris les détails de mon monde (même s’il s’agit d’une histoire qui se pose dans un lieux réel, à partir du moment où on entre dans le fantastique et qu’il y a des éléments imaginaires, il faut poser les bases. Dans les Voyageurs par exemple, une partie de l’histoire se passe en Enfer, il a donc fallu décrire la vision que j’en avais pour mon histoire, à quoi ça ressemble ? Comment on y accède ? Qu’est ce qui change pour mes personnages quand ils y sont ? Il y a aussi les objets particuliers de mon monde, tels que les médaillons de Drake.

Une bonne partie de ces notes se sont retrouvées en tête de chapitres afin de vous faire découvrir un détail pertinent (par rapport au moment du récit) de l’univers : les Carnets de routes de Eithne en sont l’exemple parfait. Comme il y a pas mal de retours en arrière dans ces en-têtes, j’ai noté quelque part l’arbre généalogique des Eithne sur plus de dix générations. Dates de naissance et décès, leurs enfants… et cela me sert toujours pour mon second tome !

Je fais aussi partie de ces auteur.ices qui ont besoin d’un plan pour avancer correctement. Sans plan, mes projets sont voués à l’échec ! J’ai besoin de savoir où mon histoire commence, comment elle termine et ce qui se passe entre temps. J’ai donc un tableau avec un résumé, chapitre par chapitre de ce qui va se passer. Evidemment, ce tableau évolue en cours d’écriture, il arrive que des éléments prennent plus d’importance (et donc de place) ou moins, ce qui décale les actions entre les différents chapitre. Le carcan n’étant pas rigide, ce n’est pas grave, ce ne sont que des ajustements qui étoffent le roman au fil de mon écriture, puisque naturellement, de nouvelles idées viennent en cours de route. Il faut juste déterminer lesquelles sont pertinentes ou non !

Enfin, il faut savoir que j’ai écris le premier jet des Voyageurs en 2008. C’est le premier projet entre la fin du lycée et le début de mon entrée dans le monde du travail (ma période d’études a été un gouffre pour l’écriture comme pour la lecture, je n’avais tout simplement pas le temps) que j’ai terminé ! Et puis il a dormi pendant près de neuf ans. Je pense que je n’étais pas psychologiquement prête à l’époque à réaliser jusqu’au bout ce rêve que j’avais d’être éditée. Se lancer dans l’aventure de l’édition (ou de l’auto-édition d’ailleurs) c’est être prêt à essuyer des refus, des échecs parce que le roman n’est pas assez bien ou pas dans la ligne éditoriale et on ne va pas se mentir, c’est dur. Chaque refus est un coup d’épée à votre rêve d’enfant qui s’effiloche entre vos doigts. Si j’avais présenté mon projet en 2008/2009, période où en plus la vie n’était franchement pas rose pour moi, je me serais probablement effondrée. Neuf ans plus tard, j’ai repris ce projet, je l’ai retravaillé et l’ai envoyé à plusieurs éditeurs. J’ai reçu deux refus (pas dans la ligne éditoriale pour l’un et refus sans plus d’explications pour l’autre) et aucune réponse des autres éditeurs. Je suis passée à autre chose parce que j’étais sur d’autres projets que tout un chacun jugerait plus nécessaires et puis en 2017 je fais la rencontre qui change tout.

En 2018 je me ballade sur le salon l’Imagina’livres. J’y suis allée un peu au hasard, sans savoir vraiment à quoi m’attendre et au fil des stands, je discute avec des auteurs (me constituant au passage une PAL pour plusieurs mois) et dans ma tête, le rêve se réveille. Je passe plus d’une demi-heure à discuter avec un auteur qui me présente tous les livres de sa maison d’édition sauf le sien d’ailleurs, jusqu’à ce que je lui pose la question (coucou Thibault !) et puis je papote encore, l’éditeur arrive et j’engage à nouveau la conversation. Sous mon crâne, les petites voix se déchaîne “demande s’ils acceptent des manuscrits”, me chuchote l’une, pendant que l’autre me raisonne en me disant que c’est n’importe quoi…

Je décide ce jour-là de me jeter à l’eau, je pose la question, récupère une adresse mail où envoyer mon manuscrit pour qu’il passe en comité de lecture et je rentre chez moi toute contente de ce premier pas. Je relis mon roman. Impossible d’envoyer ça en l’état (si j’avais su alors, à quel point il était loin, mais loiiiiiin d’être prêt) !! Je le retravaille, corrige (manuellement) les fautes que je vois et fini par l’envoyer, deux ou trois mois plus tard.

La réponse arrive plusieurs mois après, mi-2018. On ne me propose pas tout de suite un contrat. L’éditeur est très partagé car mon roman est vraiment entre deux au niveau du comité de lecture. Il y a énormément de points positifs (histoire accrocheuse, de l’originalité, de l’action, du rythme) mais aussi du négatif (une fin à revoir complètement, et franchement, je suis désolée pour le comité de lecture, je ne sais pas ce que j’avais fumé, cette fin était atroce). La proposition de Jonathan : je retravaille le roman, il le relis et si tout est bon, on signe !

Evidemment, je suis partante, j’ai une liste de critiques constructives sur mon roman, je sais ce que je dois améliorer ! J’y travaille tout l’été, je m’interromps au milieu car en septembre et octobre, je me lance dans une campagne Ulule pour auto-éditer une Partie de Cache-cache enchantée. Résultat, j’envoie mon manuscrit modifié le 4 décembre (jour de l’anniversaire de mon fils).

Quelques mois plus tard, j’ai ma réponse, les Voyageurs sera édité en 2020. Bien sûr, il y a encore du travail, mais le premier pas est fait. Toute la fin 2019 est en bonne partie consacrée à ce projet, retravailler avec les conseils avisés de ma directrice éditoriale, la fabuleuse Lyn (Amélia Lewis, autrice de l’excellente saga Passeuse d’âmes) le roman. Mais ça, je vous en parle dans la prochaine vidéo, qui j’espère vous aidera à mieux aborder le travail avec un éditeur !

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